Auteur : Caroline Vié
Pays : France
Éditions : JC Lattès
Date de parution : 2012
Nombre de pages : 219
Genre : Littérature contemporaine
L’histoire
« Il paraît que tu n’es pas très beau. Tout le monde me le dit et c’est sans doute un fait. Je le vois. Je le sais. Tu transpires un peu. Et j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi mal fagoté. Quand tu marches, tu te dandines. Tes jambes sont arquées. Ta silhouette est un peu voûtée comme si ta tête était trop grosse, trop lourde pour le reste de ton corps. Tu as largement dix kilos de trop. J’ai bien vu tout ça. Mieux que personne. Mais j’aime chacun de tes défauts. Comme je suis seule à les chérir, tes faiblesses n’appartiennent qu’à moi.»
Elle croise à longueur de journée des stars de cinéma, enchaîne les voyages exotiques, est mariée à un homme formidable qui lui a donné un petit garçon modèle. Bien sûr, elle s’ennuie. Jusqu’au jour où elle le rencontre, au hasard d’une interview. Avant lui, elle ne savait rien de l’amour. On ne soupçonne jamais les folies qui sommeillent en nous.
Mon avis
Sorti en août dernier aux Éditions JC Lattès, ce livre est le premier ouvrage de Caroline Vié, journaliste dans le domaine du cinéma. Il est à la fois drôle et bouleverse le lecteur qui en ressort avec pleins de questions en tête et une touche de tristesse. Un brin dérangent, mais également drôle, ce livre aborde des thèmes tels que le suicide, l’amour passionnel, l’obsession, la folie, l’addiction possessive et le monde difficilement accessible et hors normes des célébrités. Pour moi c’est une très belle découverte.
L’auteur de ce livre est semblable à la narratrice du roman. Elle est journaliste dans le monde du cinéma. Caroline Vié utilise un discours à la première personne qui lui permet de se confier sur, on suppose, de vrais souvenirs d’enfances et anecdotes. S’ils sont inventés, alors on y croit vraiment, c’est émouvant et réaliste! Mais en même temps, elle incite le lecteur à se poser de nombreuses questions. Est-ce-que le récit est entièrement fictif ou détient une grande part de vérité? Qui est donc ce « tu » auquel la narratrice s’adresse en permanence tout le long du roman? J’ai moi-même mené ma petite investigation!
La journaliste, personnage de ce roman s’ennuie dans son quotidien. Elle ne comprend pas pourquoi son entourage l’envie tellement de faire ce métier. Elle évoque avec passion son amour pour un inconnu (mais visiblement pas si inconnu que ça…), qui n’est ni son mari, ni son fils, et pour lequel elle serait prête à tout. Le titre du livre, Brioche, est une belle métaphore représentant son amour secret. L’auteur a-t-elle vraiment vécu ce coup de cœur pour cette personnalité? Nous mourrons tous d’envie de le savoir! Ce « tu » mystérieux est un peu dévoilé au fil du récit grâce à certains indices. La folie amoureuse de la narratrice l’amène à vouloir tout savoir de lui, au point de faire des recherches sur Internet, faire tout pour le voir et qu’il se souvienne d’elle. Elle connait même son visage dans les moindres détails jusqu’à pouvoir décrire la position exacte de ses grains de beauté.
Brioche, c’est aussi une description rythmée du monde cinématographique, ses attachées de presses, ses journalistes, ses maquilleurs, ses producteurs… La narratrice journaliste évoque ses interviews avec de nombreuses stars et n’hésite pas à s’en prendre aux plus célèbres tels que Jude Law (qu’elle compare à un « salsifis oublié au réfrigérateur »!). La critique est amère, l’humour dénonciateur. Après tout, ce petit monde est cruel. J’ai beaucoup apprécié son ressenti honnête, elle a souvent peu d’intérêt pour les célébrités qu’elle rencontre, même pour Robert Pattinson ou George Clooney. Après ce sont des humains comme nous tous avec leurs défauts. Elle reste complètement indifférente, excepté envers ce « tu ». Tout est relaté avec humour, le fond est cependant un peu critique. On en apprend plus sur le métier de journaliste, les impératifs de la profession, les retards agaçants des stars et les minutes comptées pour réaliser une interview.
J’ai vraiment beaucoup apprécié le style de Caroline Vié son humour un peu ravageur, ses comparaisons et ses évocations des souvenirs d’enfance. J’ai tendance à ne pas trop apprécier les comparaisons entre auteurs, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Philippe Delerm lors de certains passages. On retrouve la même gourmandise, la même beauté des mots et poésie dans les descriptions des souvenirs.
Voici un petit extrait qui m’a beaucoup plu :
« Mon statut d’enfant prématurée m’a donné une valeur accrue aux yeux de mes Parents. Je régnais en despote. De mes brèves années de pouvoir, il ne me reste que l’impression tenace que tout m’a été dû. J’ai des images stroboscopiques. Moi à la mer. Moi à la neige. Moi en forêt. On me donnait de bonnes choses à manger. Il y avait des yaourts divinement sucrés à tous les repas. Des crèmes caramel maison, des potages avec de vrais légumes et un gros bout de beurre dont j’aimais à capturer l’étonnante fraîcheur sur une cuillerée de soupe fumante, des tartes aux pommes… Et surtout, des biscottes beurrées saupoudrées de Banania. J’adorais ça. Je regardais le monsieur noir hilare sur la boîte. Il n’avait aucune raison de rire, mais je ne le savais pas. Je me fourrais de la poudre jusque sur le nez et ça me faisait éternuer. »
Absorbée par le style de l’auteur, j’ai lu les 130 premières pages d’une traite. L’effet de surprise est très bien tenu et je ne m’attendais pas du tout à cette fin. C’est un livre que je conseille vraiment aux amateurs de littérature contemporaine.
Je tiens à remercier chaleureusement les éditions JC Lattès pour m’avoir permis de découvrir ce livre qui m’a vraiment beaucoup plu et également Livraddict pour m’avoir sélectionné pour ce partenariat.
Pour consulter le site des éditions JC Lattès, c’est ici!
Crédit photo : Le Parisien
Tu as dis tout ce que je pensais ! Très bonne chronique ! 🙂
Livraddict beug donc je te réponds dès que ça sera réparé !
Merci Lizouzou! Oui j’ai vu ça, il va falloir attendre après 19h30 :S
Il ne me disait rien du tout mais là tu viens de me donner envie 🙂 Hop dans ma wish…Tentatrice, va !
Après Café Givré te voilà tentée par Brioche! 🙂 Les deux vont bien ensemble tu ne trouves pas? 😉
Lol, c’est vrai !
Cela faisait plusieurs fois que je voyais la couverture sans avoir l’idée de le feuilleter ou de lire le résumé, et bien je crois que maintenant je vais directement l’ajouter à ma liste aussi, cela donne envie!
😀 Super, si tu as l’occasion de le lire j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi!
Ton avis donne vraiment envie! Merci pour ce billet!
Merci à toi Piplo pour ta visite!
Je l’avais repéré sur Livraddict 😀 Tu donnes très envie de le lire ! A voir pour mon prochain tour en librairie 😀 Bisous !
Je rejoins les autres commentaires, je n’étais pas tellement tentée et n’ai pas eu l’idée de lire le résumé, même si le titre m’intriguait. Bon ba dans ma wish-list désormais =) J’aime l’idée que l’on ne sache pas exactement qui est ce »tu », ni quelles sont les événements vrais ou faux. Et la comparaison de Jude Law en salsifis m’a tuée ^^
Oui ce livre est très drôle en plus d’être une critique du milieu du cinéma. Je n’étais pas certaine d’apprécier et en fait j’ai adoré!